samedi 31 janvier 2009

Synonymes



Couleurs et Myriam Kendsi sont des synonymes, on ne peut pas parler de son travail sans mettre ces deux mots côte à côte, en miroirs. La lumière est crue, les êtres et les objets n'ont pas d'ombres. Du jaune, du bleu, du rouge, du noir, des couleurs fortes sans concession, en tension parfois, elle les juxtapose, les marie, les affronte; aucune opposition n'est supprimée.

La forme est abstraite, conceptualisée avec des aplats de couleurs dont on ne devine le sens que bien plus tard et peut-être ne fait-on que l’apercevoir : la toile est complexe jamais linéaire, jamais évidente. Est-ce un corps de femme dans la visite de l’exposition, est-ce un sac qu’elle a à son bras, une tache noire sans merci et que dire de cette ceinture aux multiples facettes dans le collier de Mélanie, est-ce la ceinture nuptiale que l’on ceint pour protéger sa féminité dans certaines régions de la Méditerranée ?

Le bateau, l’archipel, rencontres, autant de titres qui nous indiquent le voyage mais, quel voyage Myriam Kendsi ? Celui de vos origines, celui de vos lectures, celui de vos amitiés, celui de vos rêves … Quelle est cette rencontre improbable ? Dans quel continent ?
Des forces solaires dans un espace exposé : voilà le parti pris !

Quel parcours autour de la toile ? Quel questionnement autour de tous ces corps féminins -Une femme à l’envers, le passage… la place de la femme dans ce monde si dichotomique de la Méditerranée -ou une enfance sans pair-père avec Embrasser sa mère? Que raconte l'enfant assis dans il était une fois, que dit le fantôme prés de la femme élégante ? La mort, la vie, l'arrachement ? Quelle est cette calligraphie nostalgique qui se fait récurrente au fur et à mesure des œuvres, ce temps qui ne laisse que les éclaboussures, les fissures, les fêlures ?

Multiples les interprétations et à la fois toutes justes peut–être, ou toutes futiles ? L’essentiel est le regard qui fait sens, car il nous renvoie à nous, à notre propre intimité et nous interroge !
C’est sa réponse, quand on essaie de franchir sa pudeur et qu’on la questionne, Myriam Kendsi. C’est sa générosité aussi, légère et joyeuse, comme ses couleurs !

Exigeante elle trace son chemin, laboure les signes, les répertorient pour mieux les effacer - palimpseste- elle les éclabousse, interroge la mémoire pour mieux s'en détourner, le passé ne l'intéresse que pour construire un à-venir !

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