samedi 31 janvier 2009

Vagues à lames !

Mouvement ! Tel est le leitmotiv des tableaux kendsiens. Deux moments : au monde fixe, binaire, symétrique, succède la déflagration de l’abondance, du multiple. L’ambivalence s’élève en valeur contre tout arrimage. Qu'on largue les amarres ! Pour de lointains archipels sans nom. Le bateau enguirlandé de ses voiles dresse son mât, et sa proue vise déjà quelque galactique continent vierge où le sang ne doit rien au couteau. L'ancre répudie la corde, et les vents sont impatients. Se lâcher. C'est la fête de l'arrachement. Quitter quoi ? Tous les ventres. E les centres. Priorité donc aux passages douloureux et salvateurs. Naît-sens.
Myriam Kendsi peint l'étreinte avant le voyage. Et son étreinte est une parure de la blessure turgescente. Ereintante. Ephémère. Ses tableaux célèbrent l'éruption, l'érectile, l'envol, avant le fracas des aiguillons du désir sur l'écume des vagues à lames qui lapent le sang des laves. C'est pourquoi le pinceau se devait d'être franc dans l'arrondi généreux et la torsion des formes dansantes. Il crache à tout va. Eclaboussures. Eclats d'âmes qui tourbillonnent, frétillent, fusent et suintent de partout. Tout fulgure dans ce bal de couleurs qui rivalisent dans le chatoiement pour s'émanciper de la noirceur des murs. A-franchir.
Mais avant de mettre les voiles, les chaînes sont priées de raconter pour transmettre. Transmettre quoi ? "Il était une fois un faucon pèlerin qui s'est brouillé avec son bâton…". Oui, l’entrave guette toujours l’aile. Le voyage appelle la dé-rive. Voilà qu’une femme chavire. Se défait du collier nuptial. Tresses déliées, elle se mêle à la ronde. Vogue en larmes. Vers une improbable rencontre ?
Achour Ouamara

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